Taken Club - Ile Saint-Louis - Paris
Le Marais libertin, c’est Paris les sens en éveil. Ce quartier historique de Paname est de bonne tenue et tout propret en journée… mais la nuit, ses pierres s’échauffent et ses ruelles deviennent les coulisses d’un théâtre du désir. Dans les clubs échangistes et lieux de cruising entre mâles, on y explore le sexe comme un art : habillé de cuir, de dentelle, en talons aiguilles, en jockstrap ou nu comme un ver, chacun vient y jouer son rôle. Dans l’opacité d’un labyrinthe d’un cruising ou à la lumière tamisée d’un salon coquin, les sexualités plurielles s’expriment pleinement.
En couple échangiste, en trio (ou plus…voire beaucoup plus !), entre bi, hétéros et mecs seulement entre-eux, les corps se cherchent, se rencontrent… et parfois se dévorent sans préliminaires. Ou après une heure de jeux de regards, de tournées de cocktails et de frôlements millimétrés…
Le Marais : une longue histoire de libertinage…
Le libertinage dans le Marais ne date certes pas d’hier. Dès l’Ancien Régime, les hôtels particuliers aristocratiques abritaient salons brillants et alcôves brûlantes. Le libertinage à la cour s’y prolongeait dans des soupers plus érotiques que diplomatiques. Proche de la future place des Vosges, Henri III, qui n’était pas sans ambiguïté vis à vis de la gente masculine, paradait auprès de sa Cour avec ses « mignons de couchette » avant de les introduire dans la chambre de son Hôtel royal de Saint-Pol pour la nuit… Pour se consoler de sa séparation avec son successeur Henri IV, la Reine Margot fit de l’Hôtel des Sens son « baisoir » de jeunes freluquets. Dans les salons littéraires des 17 et 18ème siècles, les amies de Madame de Sévigné se livraient à des joutes oratoires qui finissaient souvent en jeux plus charnelles, faisant sauter bien des corsets. Ces fameuses « scandaleuses » du Marais – duchesses insoumises, délurées et provocantes – y organisaient des bals masqués et des soupers fins où l’on pratiquait aussi bien la conversation brillante que l’orgie parfaitement orchestrée, avec la bénédiction de quelques abbés plus portés sur l’érotisme déluré que sur l’amour de l’Évangile…
Surnommée « Notre Dame des Amours », la sulfureuse Ninon de Lenclos représenta au 17ème siècle la quintessence de l’art de vivre à la française. Un siècle plus tard, les jeux érotiques extrêmes du marquis de Sade lui valurent un séjour de cinq ans dans les cachots de la Bastille, emprisonnement qu’il mit à profit pour écrire, en partie, l’un de ses chefs-d’œuvre : Les 120 Journées de Sodome, devenu bible du sado-masochisme ! Mais le marché aux plaisirs ne s’arrêtait pas aux salons dorés du Marais. Il courait aussi contre quelques sous les quais de Seine, s’invitait sous les arcades de la place des Vosges, draguait rue de Lappe à la Bastille, et jouait d’autres partitions tarifées rue Saint-Denis, où les passants pressés croisaient des silhouettes aguicheuses, sans chichi ni fausse pudeur. Hommes, femmes, travestis, amants d’un soir ou débauchés réguliers : le Marais était déjà ce creuset de désirs et de transgressions.
Le plus vibrant quartier gay d’Europe
Mais c’est au tournant des années 1980 qu’il devient l’épicentre de la culture gay parisienne, en pleine explosion. Bars, saunas, clubs, backrooms, lieux de fête et de sexe s’y multiplient dans une effervescence militante, sensuelle et joyeusement provocatrice. Encore aujourd’hui, le Marais concentre la plus forte densité d’établissements dédiés aux plaisirs homosexuels en Europe.
Dans le Marais, les amours homos, bi ou hétéros échangistes y sont plurielles, décomplexées, choisies. On se donne « gratuitement », entre adultes consentants, après s’être acquitté du droit d’entrée dans un cruising, un sauna, un salon libertin. Ici, les pratiques ne choquent pas, elles s’explorent. Et tout peut être doux, cru, élégant, animal… ou les quatre à la fois. Mais que l’on vienne en cuir, en costard, en jarretière, en kilt, en fétichiste puppy ou les fesses à l’air, une règle reste sacrée : le consentement. Pas de place pour les voyeurs intrusifs, les importuns insistants, les frotteurs à l’ancienne. Le libertinage, ici, est un pacte. Et ceux qui ne parlent pas le langage du respect sont vite repérés… et très poliment poussés vers la sortie.
Vous y retrouver aujourd’hui dans le Marais des désirs
Sur ma carte ci-dessous, vous trouverez les lieux à explorer : en mauve, les adresses mixtes pour couples hétéros, femmes seules, coquins de tous horizons ; en noir, les clubs exclusivement masculins – parfois plus directs, tout aussi codés voire plus radicaux. Pour les femmes entre-elles, à part pour boire un verre et danser – il n’y a rien dans le quartier (ni ailleurs du reste), désolé pour elles. Les sex-shops et boutiques coquines sont en bleu. En vert, deux extraordinaires galeries d’art érotique.
Sachez donc que dans le Marais, tout commence par un regard… et peut finir en feu d’artifice.
Pour les couples échangistes hétéros et bi ouverts d’esprit
Dans le Marais, les plaisirs se déclinent au pluriel pour les solos et les couples hétéros adeptes de l’échangisme – volontiers ouverts à la bisexualité avec un ou une troisième (ou plus) complice de jeux – qui aiment s’amuser avec les limites, le raffinement… et parfois les menottes. Tout peut commencer dès midi dans les vapeurs sensuelles de L’Éclipse, 2 boulevard de Sébastopol, un love spa aux airs d’ailleurs à deux pas de Beaubourg, avec sauna, hammam, bain bouillonnant, sept love-rooms aux ambiances variées (miroirs, obscurité totale, balançoires…), buffet coquin et cocktails offerts dès 21h : idéal pour se mettre en condition. Puis, cap dès 22h30 sur le mythique club échangiste WE Club Privé, 83 rue Quincampoix, une adresse hors-norme située dans un ancien bordel ayant appartenu au célèbre criminel des années 70, Jacques Mesrine himself ! Sept étages à gravir, sept ciels de volupté, des coins bars, une piste de pole dance au plancher transparent (vue imprenable sous quoi vous savez…), des alcôves avec jacuzzi à louer à l’heure, et surtout un rooftop libertin avec barbecue et vue directe sur le Centre Pompidou – la seule terrasse de Paris où l’on peut faire l’amour en grillant une entrecôte en tenue d’Eve ou d’Adam ! Voilà qui en jette, non ?
Changement de décor sur l’île Saint-Louis, au Taken Club, 8 rue Le Regrattier, presque au pied de Notre-Dame. Voilà donc un emplacement bien utile pour, au petit matin, retrouver un confessionnal et se faire pardonner ses pêchés de la nuit… Ici, vous trouverez des salons luxueux, coussins moelleux, vastes lits collectifs, alcôves discrètes et une ambiance tamisée pour une exploration raffinée des fantasmes dans un cadre digne d’un film de Kubrick version libertine. Qu’on se le dise, le raffinement et la courtoisie sont les maitres mots. Si – si, c’est la règle !
Autre option, percez des mystères au Secret situé au 1 rue Cloche Perce au métro Saint-Paul. Voici un autre club élégant niché sous les voûtes médiévales du XIVe siècle où dîners onctueux (pensez à réserver), soirées à thème (Uniform Party, soirée BDSM Lucifer…) et dress-code affûté (talons, corsets, chemises impeccables pour les Messieurs SVP) créent un univers chic et sensuel. Pas d’hommes seuls ici (même en payant plein pot) : juste des reines et leurs chevaliers bien élevés ! Une fois n’est pas coutume, il me faut aussi vous inviter à sortir du Marais direction le quartier du Louvre – car ici se trouve une véritable institution : le restaurant-club Les Chandelles !
Pour des envies plus corsées, direction le Club SM L’Escarpin, repaire fétichiste et sado-maso tenu par Madame Stéphanie, la maitresse des lieux au 12 rue du Prévot, également à la station Saint-Paul. L’ambiance y est feutrée mais sans tabou, dress code noir pour les hommes, sexy-fétish pour les femmes, et accompagnement personnalisé pour les amoureux de l’extrême.
Pour les garçons qui aiment les garçons…
Dans le Marais, les désirs masculins se vivent sans détour. Ici, les hommes qui aiment les hommes ont leurs repères, leurs habitudes, leurs adresses. Du clin d’œil rapide à l’échange plus appuyé, des ambiances feutrées aux soirées sans filtre de cruising, le quartier a tout prévu pour ceux qui aiment quand le plaisir va droit au but. Tout peut commencer dès la fin de matinée chez Boxmann, 2 rue de la Cossonnerie, en face des Halles. Ce sex-shop bien fourni cache un espace cruising qui s’anime sur deux niveaux dès 10h30. Cabines, glory holes, regards appuyés : parfait pour un 5 à 7 express ou un moment plus prolongé… sans rendez-vous. À quelques pas, le Krash Bar, 12 rue Simon le Franc en face du Centre Beaubourg, propose une backroom efficace et sans fioritures. Lumière tamisée, ambiance directe : on ne s’attarde pas au bar, on passe aux choses sérieuses au sous-sol. Pour ceux qui aiment les soirées plus cadrées, Secteur X, 49 rue des Blancs Manteaux, est une autre référence. Soirées à thèmes explicites – pompe, branle, piscine… ou autres réjouissances – à consulter sur un agenda clair et assumé. L’ambiance est y franche, le public fidèle.
Juste en face, le Full Metal déploie au 40 rue des Blancs Manteaux ses 150 m² de caves voûtées dans une ambiance sombre et virile. Le décor est brut, les intentions aussi. L’Impact Bar, 18 rue Greneta, affiche sa particularité : ici, les vêtements tombent à l’entrée. Sur deux niveaux, on alterne entre bar convivial à l’étage et ambiance plus explicite en sous-terrain. Tout est clair dès la porte franchie. Dans le Haut Marais, le Mensch Bar, situé au 34 rue Charlot, joue la carte du club fétiche et BDSM à la berlinoise. L’agenda parle de lui-même : masters & slaves, fetish, golden shower, naked… chacun y trouve son trip. Au 28 de la même rue, le One Way , connu sous le nom de « bar à casquette » (demandez pourquoi au patron), assouvit vos désirs au sous-sol… À Bastille, Le Keller, 14 rue Keller, reste une institution. Depuis les années 80, ce club hard et fétichiste affiche des soirées à thème pointues, pour une clientèle très avertie qui n’a pas froid aux yeux. Et pour ceux qui recherchent une expérience complète, le Sun City, 62 boulevard de Sébastopol, est le seul sauna gay du Marais. Avec ses 3000 m² répartis sur trois étages, il offre de longs couloirs de cruising, piscine, hammam, sauna, jacuzzi, salle de sport, bar et espaces de détente. Ouvert jusqu’à 6h du matin les week-ends !
Le sexe libre entre gays ne se concentre pas que dans le Marais, car il y a tant d’autres adresses dans le Paris canaille ! L’agenda des évènements et soirées spéciales est à consulter sur www.agendaq.fr, le site le plus complet et toujours à jour. Un guide LGBT+ à Paris est également à votre disposition online via ce lien par l’association Paris LGBT. Notez qu’avant vos plans coquins, si vous souhaitez aller guincher dans les meilleurs dance floors gay du Marais, vous avez mes sélections dans cet article ! Plus intello, je vous invite enfin à lire mon article sur l’histoire et l’actualité du quartier gay du Marais et à enrichir votre bibliothèque d’ouvrages de références sur la vie LGBT de la capitale.
En théorie comme en pratique, vous voilà alors devenu spécialiste du Marais coquin, le plus attachant quartier libertin et LGBTQI+ d’Europe – toutes mes félicitations !
© Julien Dumarais – My Marais Paris
Les livres que j’ai adorés
Vous êtes passionnés par le Marais gay et le Paris libertin? Ça tombe bien, voici quelques ouvrages pour garnir le rayon de votre bibliothèque. Vous pouvez vous les faire livrer directement en quelques clics.
